L’Achronique #05 : Je suis atteint de folie.
«L’action est une brève folie.» – Paul Valéry
Chère personne qui, par une série de hasards quelconques, ou tout simplement par un clic erratique sur le web, lisez ceci:
Quel est votre motif?
Et si vous n’y êtes pas pour la première fois… pourquoi y revenez-vous?
Car je tiens à vous avertir : l’auteur de ces lignes est atteint de folie (je pense que c’est moi, selon la dernière vérification). Il est possible, quoique plutôt rare, que cette folie soit transmissible textuellement. De là mon avertissement, purement empathique.
Oui oui… la folie. Et j’affirme ceci aux suites d’un autodiagnostique de plus de 40 ans. Il commence à être temps que je l’assume et que je l’affiche pudiquement. Les symptômes? Oh ils sont plus que nombreux. Tellement que même le fou en moi en perd ses mathématiques.
Avant de continuer sur un élan quelconque et futile, je vais vous décrire en mes propres mots le malaise mental dont il est ici question. La folie, c’est l’état (conscient ou inconscient) des pensées propres d’un individu, de ces mêmes pensées propres qu’elles en deviennent malpropres à force de chercher en vain à les expliquer avec des mots, des signes physiologiques (comme nos faces – souriantes ou bêtes), du bruit (le plus plausible étant de la musique), de l’art (pour se sentir unique et différent), des blogues, des statuts Facebook, des larmes, des câlins, des bonnes ou des mauvaises habitudes…
Je pourrais bien sûr en profiter et vous parler en long, en large et surtout avec un prénom spécifique de folie amoureuse. Mais cette dernière n’est qu’un sous produit non toxique de la folie tout court. J’en ferai l’objet — ou même le sujet — d’une chronique éventuelle en utilisant par nécessité quelques verbes percutants et plein d’adjectifs loin d’être futiles car noblement inutiles.
Parlant de «chronique»… quel est le premier mot qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à ce mot?
Moi, c’est maladie.
Lisez-vous toujours?
C’est bien… parce que ça veut sans doute dire que vous êtes aussi, à plus au moins d’intensité (on s’en FOUT), atteint du même «mal» que moi.
Mais il est tellement difficile à expliquer!
Comment dire… les repères ou références populistes ou populaires de la folie sont quelque peu exagérés. Tellement qu’ils en deviennent des caricatures fortes d’une réalité qui nous frappe pourtant tous de plein fouet et qu’on tente de fuir en tondant nos gazons, en lavant nos autos ou en allant flâner au centre d’achat. Dans les films par exemple, les fous trouvent une hache pour décapiter leurs proches. Pourtant, il n’y a rien comme une scène de la vie quotidienne de n’importe qui pour la démontrer. Même la vôtre! Dans la vraie vie, on utilise le mot folie comme fourre-tout afin d’expliquer les comportements déviants (dont certains sont immoraux et vraiment maladifs, on s’entend).
Plus communément, on utilise la folie (et ce qu’on tente d’y associer de façon paresseuse et irréfléchie) pour se comparer aux autres et se normaliser.
Tiens voilà… je crois que j’ai une piste ici: la norme. Cette satanée norme qui tente de nous fournir une définition du savoir-vivre et des bonnes manières alors que, justement, le savoir-vivre et les bonnes manières n’existent que culturellement. Sans blague. Cette fameuse norme qui, par sa simple existence gouvernée par une humanité en recherche de solutions à des problèmes existentiels au final inexistants. La même norme maudite qui guide tant de personnes vouées à ÊTRE à part entière vers une triste perdition, vers l’ennui, vers l’oubli… vers le désespoir.
OK! Mais à la fin de tout ça, peut-on réellement se réjouir d’avoir été un être humain normal (selon la culture qui l’a défini)? Peut-on réellement se réjouir d’avoir altéré son authenticité au profit de l’appartenance à quelque chose qui n’existe pas vraiment? Peut-on laisser de côté la paresse et le courage (relatif) nécessaires pour être réellement VIVANT? Peut-on se contenter de ne pas avoir permis à soi-même de devenir et d’exister en fonction de l’être exceptionnel que nous sommes?
…Et d’en avoir privé tous ceux qui nous entourent?
La norme sert de repère à l’enfant naturellement déboussolé que nous sommes en sortant du ventre de nos mères. Nos mères qui, par défaut, deviennent nos premiers repères, nos premières bouées de sauvetage. Car sans ces dernières, nos vies sont carrément en danger. Parfait, jusque là ça va… mais à un moment donné, si notre môman nous a assez donné (!), il faut voler de ses propres ailes…
La norme… est aussi responsable de nos faux conforts et surtout du piège que peuvent devenir nos habitudes (celles dont on perd la conscience avec l’accoutumance).
Ceci étant dit: vous considérez-vous comme étant normal? Et si oui, sur quelle base? Et jusqu’à quel point remettez-vous en question cette même base? Sa véracité? C’est ça, pour moi (le FOU), qui est le problème… nous sommes tous naturellement, par instinct de survie, enclins à croire à n’importe quelle vérité nous réconfortant dans nos habitudes naissantes. Des habitudes carburant au confort… fuyant par le fait même et de manière parallèle le danger, le marginal, l’ex-centrique, l’isolement… afin de survivre. Ok, mais si on veut aller plus loin et exister à part entière… si on veut dépasser l’état un peu réducteur de “survivant”, si on veut… vivre? On fait quoi?
À la fn de ma vie, je ne voudrais pas, personnellement, avoir à répondre à la question «Qu’as-tu fait de ta vie?» par un désolant: «J’ai survécu»…
Ce n’est sûrement pas limpide, mais c’est un peu ce que j’essaie d’évoquer maladroitement dans les lignes qui précèdent qui me fait écrire, en cette même chronique issue de nulle part, et après avoir défait volontairement certaines de mes zones de confort les plus précieuses (sauf l’amour : lui, il ne part pas!), que que je suis désormais prêt à faire face à cette folie, à cette obsession du hors norme avec un peu plus de conviction, moins de doute, moins d’effort. Car il faut être courageux pour affronter la norme et tenter de se tailler une place légitime qui vous permettra de connaître des moments véritablement heureux (peut-être… rien n’est moins sûr!)
Êtes-vous prêts à prendre le risque?
Êtes-vous aussi FOUS?
Soyez les bienvenus!
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