Achronique # 1: Utopie
Je rêve…
Je rêve d’enlever mes pantoufles et de marcher sur la braise, sur la glace, dans le vide et sur le verre concassé du miroir qui a enfin cessé de refléter mon égo.
Je rêve d’être un zéro positif, et non pas un héros créé de toutes pièces par un système qui récompense plus l’image que celui, manipulé, qui la contemple avec des filtres émotifs ayant distorsionné sa personnalité profonde.
Je rêve d’un jour nouveau chaque fois qu’au réveil, je pose le pied sur un sol qui ne demande qu’à me voir flotter de bonheur, qui ne demande qu’à supporter mes humeurs véritables sans les voir manipulées par des fabricants de richesse matérielle et jetable ou de culture consommée sur DVD en 5.1 (je sais: c’est déjà dépassé par des bidules plus essentiels).
En passant, personne ne peut prétendre posséder la culture, ou ses produits dérivés que l’on trouve sur les racks d’un Wal-Mart et qui ne sont que des faire-semblant dont le profit est la seule valeur incontournable.
Je rêve, justement, de contourner cet attrait maladif pour un argent qui, (in)justement, nous rend malades. Et qui, lorsque rendu dans un état avancé du virus, isole et rend fou de pouvoir… en avoir plus.
Je rêve de recycler les bonnes vieilles valeurs d’antan (des légendes?) qui ont malheureusement été prises en otage par des raconteux d’histoires génératrices de croyances… et donc de souffrance.
Nous sommes possédés, de plus en plus et sous la forme officialisée du
progrès; par des valeurs que la technologie a altérées. Celle là même à laquelle nous soumettons notre grande capacité d’apprendre et qui étudie nos humeurs souvent empruntées en les filtrant au travers d’algorithmes ayant infiltrés nos habitudes sociales, nos subconsciences, notre collectivité désormais assouvie et dénudée de toute spiritualité.
Une technologie dont nous sommes devenus les victimes consentantes.
J’exagère à peine…et avec peine
Je rêve d’échange pur, de mode de vie et non de mode du moment, d’arrière-pensées qui prennent enfin les devants. Parce qu’en les taisant au nom de la bienséance (que je serais tenté d’appeler ici la rienséance), ce sont nos petites voix qu’on tait, qu’on étouffe pour mieux ne pas être.
Car ce sont ces petites voix, qui une fois épurées de toute corruption de la conscience humaine, nous permettraient ensemble de construire la grande voie qui ferait de nous des êtres véritablement humains.
Je rêve aussi, parfois, au milieu de la nuit, et j’y croise un moi éveillé, emporté par l’instant et libre d’exister. Un moi qui a envie de me lever pour l’aider à y parvenir.
Je rêve qu’un jour, je serai enfin assez fort pour laisser parler ma petite voix et que j’y trouverai un écho, un semblable, jusque dans mon ennemi le plus redoutable.
Je rêve?
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