Winnipeg, 14 janvier 2016 au coeur de la nuit, -21° dehors.
(Autre entête potentielle: Quessé que j’fais icitte!)
(…)
Cette 3e journée de voyage seul dans ma voiture m’a fait voyager… à l’intérieur de moi-même.
J’y ai visité:
- Le questionnement
- Le questionnement
- Le questionnement
- L’Ennui, l’ennui et l’ennui
- La culpabilité
- Un paradoxal sentiment d’être attiré de façon égale “entre 2 aimants”… un à l’Ouest (le renouveau) et l’autre à l’Est (ma famille, ma maison, mon amour, mes habitudes… etc.)
- Bref, un beau mélange d’émotions… que je ne peux même pas décrire. Je n’ai pas les mots (enfin, je me tais le clavier… parce qu’incapable). Je suis “clavier-bée”… tiens.
D’abord, pour contextualiser, voici un résumé précis et détaillé de ma journée d’hier:
- J’ai conduit de Thunder Bay (la ville de mes rêves) à Winnipeg (la ville de mes fantasmes les plus fous!)
- C’est tout.
J’ai traversé un secteur plutôt platte en début de journée, où j’ai vu des beaux sapins enneigés qui ont finit par devenir maussades et emblématiques d’un périple paraissant interminable et où j’ai traversé aux 200 km quelques rares villages où, quand j’ai choisi de prendre le risque de débarquer pour faire le plein, acheter de l’eau ou des munitions pour mon fusil de défense (le mien est un bazooka… on n’est jamais trop prudent comme dirait Trump)… j’ai souvent rencontré ce que j’appelle des types de « banlieues éloignées ». Des gens qui feraient tous le casting du prochain Tarantino. Sans entrer dans les détails… il m’est possible de deviner, à les regarder, qu’ils sont tous un peu à l’écart de mes standards, – mettons. On parle de mes standards ici, pas de mes préférences… quoique ça se mêle avec l’âge.
Je sors d’une bulle plutôt hermétique socialement… et ce malgré la quantité de gens que je connais. Il faut que ça change… même si c’est par la force. Pas celle dans la Guerre des Étoiles, mais celle des “choses”.
Plus tôt aujourd’hui, un monsieur d’un magasin général m’a regardé droit dans les yeux quand je lui ai dit que je conduisais jusqu’à Vancouver et m’a dit: « Take your time… my son hit a moose in the West while driving there and totally lost his truck ». Cr*sse, j’ai oublié de lui demander pour son fils… je suis sans cœur. Pauvre truck quand même…
Je ne juge pas en passant… je trouve ces gens plus vrais que la majorités des nouveaux “bobos” qui paient très cher leur condo sur le plateau pour avoir droit de payer plus de taxes et en boni avoir le droit de s’acheter un permis de stationnement qui va leur permettre, s’ils se rendent, de stationner leur voiture. C’est une caricature, en passant.
J’ai aussi arrêté dans un village creux, creux, creux (où même Radio-Canada ne rentrait pas sur la radio… this one is for you Julia) pour entrer dans un Wal-Mart.
C’est officiel: je fais partie d’un clan social à l’écart, privilégié, réfléchi, éduqué, et avec certains moyens dont un esprit relativement libre qui me permettent, entre autre, de me faire recruter par une compagnie à l’autre bout du pays et de dire: Oui! (Euh… non, ça c’est plutôt de la folie…).
Pour la première fois depuis 3 jours, j’ai écouté de la musique que j’ai choisie dans la voiture… ou plutôt qui était à portée de main, mais que j’aime puisque justement elle se trouve là (!) Mon iPod et autres clés USB sont quelquepart dans une caisse que je n’ai pas encore ouvert, derrière-moi, par choix. Ben non… par paresse!
Ben… écouter de la musique que tu aimes, ça te ramène souvent là où tu l’as découverte. Ça te rappelle de beaux moments vécus avec ceux que tu apprécies, ça te transporte ailleurs… dans des zones déjà explorées donc relativement confortables.
C’est ça, la nostalgie.
Or ce foutu confort, il s’éloigne de moi de kilomètre en kilomètre par les temps qui courent (ou plutôt, qui roulent). J’ai franchi le cap de la moitié du périple aujourd’hui en arrivant à Winnipeg (je répète: la ville de mes fantasmes les plus fous!)
L’éloignement, je le vis… LÀ.
Et ça ne fait que commencer.
La douleur générée par une proximité physique qui devient de moins en moins possible, je la vis… LÀ.
En fait… j’ai vécu ça par moments aujourd’hui et c’était intense. Très intense. J’ai même appelé Geneviève pour lui dire que mon sentiment du moment était de faire demi-tour. J’ai bien dit… mon sentiment du moment (ne vous inquiétez tout de même pas… je poursuis mon chemin… fausse bonne nouvelle! Car je savais d’avance que ça arriverait.
Mais tu te prépares comment à ça? À l’inconnu? Au risque?
En refusant les opportunités?
Je refuse d’y croire… c’est un peu ça ma mission envers moi-même.
Pour ma part, je m’y suis préparé (un peu) en avertissant les gens que j’aime que je ne les fuyais pas, en les recevant ou en leur écrivant pour leur dire qu’on garderait contact… (c’est déjà le cas pour plusieurs et même un rapprochement dans certains cas… bizarre hein? S’éloigner pour mieux se rapprocher).
Car pour moi la proximité, elle est dans l’échange. Dans la transparence. Dans la communication absolue… qui parfois a le luxe d’être silencieuse, mais oh combien significative.
J’étais préparé… mais jamais à la réalité qui me fouette aujourd’hui, le destin là où ça fait mal. Pis c’est ben correct de même. J’avais besoin semble-t-il de passer de la théorie à la pratique.
Un jour, j’aimerais être un sage qui dit: « faites ce que je fais, ne faites pas ce que je dis » plutôt que l’inverse. Je suis ambitieux hein?
Non, je suis FOU.
Ben là, j’en fais un peu plus que j’ai déjà dit… et ça me frappe. Tout seul dans une auto pendant 4600 km à t’éloigner des tiens (j’inclus tout là dedans), sans date de retour mais plutôt pour aller de l’avant (dans mon cas, c’est plutôt de côté, car je vais vers l’Ouest.), ça te ramène à toi même (et aussi, assez souvent, à la station d’essence).
La quête de l’Essence: tiens, voilà ce qui décrit le mieux ma mission personnelle. Voilà ce qui me tient éloigné de tout ce qui est culturellement aliénant (sauf quelquefois, par choix assumé).
Spontanément… J’ai une question pour vous, et je vous laisse y répondre « à vous-même pour vous-même »: C’est quoi, pour vous, aller de l’avant? (Je m’excuse à l’avance des burn-out potentiels générés par cette question).
Je continue mon récit si je veux finir (rêve utopique).
Donc Pour me guérir des douleurs naissantes de mon périple d’aujourd’hui: j’ai tout éteint.
…Silence radio. Je l’ai même enregistré un moment sur mon « digital recorder Deluxe » acheté sur… AliExpress.
Je m’étais déjà habitué à meubler mon voyage d’écoutes de radios commerciales poches où je me suis parfois surpris, en me concentrant sur ce qui jouait, à réaliser que j’écoutais la ligne ouverte d’un “« preacher » (!) ou encore du boum boum mal fait qui joue partout (parce que du boum boum bien fait, croyez-moi, ça change une vie). Et le tout pour des demi-heures! Et dans les faits, ça m’empêchait d’être avec moi-même… Tsé c’qu’y disent dans les livres de psycho-pop machin qui te font dire « ah ouain.. c’est donc ben vrai! »… mais qui change f*ck all dans ta vraie vie? Car dès que le livre est lu, il est soigneusement rangé dans une bibliothèque étalant ce qu’on sait, mais généralement pas ce qu’on fait. Et on range le tout par ordre de catégories, par ordre alphabétique d’auteur ou de titre… ou tout simplement pêle-mêle dépendant de notre personnalité de plus en plus profonde… du moins si on se fie à la quantité de livres qui s’accumulent.
Oui, tout ça. Et je me résume à peine…
L’un des buts de ce voyage est justement de faire face à moi-même (et de regarder en avant pour éviter les orignaux).
Oh, SVP, SVP… ne pas me prendre en pitié! Je ne pars pas en guerre, je connais les langues parlées autour de moi jusqu’à date (anglais, un peu de français et beaucoup de redneck), je voyage dans une voiture hyper confortable équipée en bluetooth et avec un GPS + un système de son qui rendrait jaloux les bons vieux raves de l’époque…. faque … pas de téléthon pour ma cause. Vous feriez fausse route.
Une chose est certaine… ces jours-ci, je fais de la VRAIE route… au sens propre comme au sens plein de sloche qui te fait acheter des hectolitres de lave-glace.
Voyez-vous, je laisse tout de même derrière moi (physiquement du moins) un milieu où j’ai réussi socialement. Je n’en reviens pas encore des marques d’amour (ou de respect) que je reçois à distance ou que j’ai reçues “live” avant de partir… j’en suis encore bouche bée. Tellement que je ne suis même plus capable de parler avec moi-même… c’était ma qualité #1 quand je n’avais pas d’amis… pis j’viens de la perdre. Oui, c’est de VOTRE faute! 😉
Je laisse aussi un milieu où j’ai réussi à faire semblant de réussir professionnellement et ça, je sais que je vais pouvoir continuer « là-bas ». C’est pour ça qu’ils m’ont recruté: tant qu’à payer quelqu’un, aussi bien payer celui qui a l’AIR de travailler et qui maîtrise son art de ne rien faire comme un maître 😉 (Là je blague un peu… ce que je fais professionnellement pourrfaire l’objet d’une chronique en soit.. j’y songe… et ça fitte avec ce que je veux faire avec para-dits.)
À ce sujet, je me répète: ce site n’est pas MON blogue (c’est une plate-forme que j’ai imaginée et son nom est une coïncidence significativement paradoxale mais une coïncidence pareil… tout le monde peut suggérer des chroniques, des images, des photos, des petits textes uniques. LÂCHEZ-VOUS LOUSSE… sinon je vais le fermer tout simplement. J’irai alors me regarder dans un miroir
Sinon justement, ça devient de l’égo. Mais si on se ramasse plusieurs égos à partager… alors ça devient une communauté. Je rêve en couleurs? Laissez-moi rêver SVP. Les couleurs de mes rêves coûtent moins cher que les cartouches de remplacement d’imprimantes à jeter l’ancre (là, je m’applaudi moi-même pour le jeu de mot… de toute manière je suis seul faque hein?).
Tout ça pour dire… que je continue! Parce jusqu’à maintenant cette expérience (qui a ses conditions de base, on s’entend?) m’apporte un lot incroyable de découvertes (personnelles et philosophiques, au point où même un beau sapin enneigé peut devenir momentanément un symbole satanique).
J’essaie, par cette chronique et du plus profond du coeur, de vous le partager du mieux que je peux.
J’avais promis des images hein?… Ça va aller à une prochaine chronique. D’ici là, faites de ce texte une source d’inspiration… ou d’expiration, selon votre appréciation.
Amicalement, sincèrement, amoureusement, passionnément et avec un brin de folie,
Spacejf
p.s. Je prends une pause d’auto. Je n’ai presque pas dormi et je reprends donc la route vers 15h. Dans la bonne direction. Et vive les autoroutes aux sens séparés. 2200 km de voie unique à rencontrer des mastodontes qui semblent oublier leur énergie cinétique.〈〈