Beaches, Toronto, un soir de janvier 2021.
(Avis au lecteur potentiel: quand je vais bien, j’écris plutôt mal…)
Oui, 2021 : une autre année qui s’annonce déjà avec trop peu d’élégance.
Mais ça, c’est en pensant overall.
Parce que personnellement, je vais plutôt bien. J’oserais même presque dire que je suis enfin fondamentalement heureux.
Venant de ma part, ce n’est pas peu dire <insert clin d’oeil>.
Je reviens tout juste d’une petite sortie nocturne passée dehors, à moins quelques degrés (l’hiver est plutôt doux ici – un peu trop à mon goût parfois), à marcher autour de ce que j’appelle aujourd’hui avec un peu plus de sentiment d’appartenance mon chez moi du moment.
Parce que c’est ici, dans ce quartier unique de Toronto (qui l’eût crû?) que je retrouve enfin une quiétude qui me manquait. Surtout après (déjà) trois ans de centre-ville hardcore au sein duquel s’entendre respirer la nuit, ou même au petit matin, exige le port de bouchons d’oreilles et ce, même les journées – ou les nuits – les plus tranquilles.
Trois belles années, quand même. Des années privilège à demeurer à dix minutes à pied bien comptées de mon bureau, cet artéfact du passé, et à développer par l’un des plus beau hasards de la vie une réelle discipline quotidienne d’entraînement qui a changé ma vie, grâce aux installations sportives et à portée de la clé ‘remote’ qui venait avec mon complexe de boîtes à souliers habitables.
Il n’y a pas que du gris et de l’ennui dans les tours de verre, semble-t-il. Dans mon cas, entre autres, il y a eu l’enivrante éclosion de mon VO2MAX.
Trois belles années, aussi, d’ascenseurs (!), à côtoyer des voisins milléniaux vivant à des lieues de ce que je suis culturellement et à profiter, tout de même, d’une vue imprenable sur un centre-ville résolument dynamique.
Que le temps passe vite!
Mais pourquoi j’écris ce texte, donc? Je me pose soudainement la question, alors que j’ai déjà amorcé sa composition sans apparence de direction précise.
Ah oui! J’écris ce texte parce que je tiens à (me) souligner que ça fait déjà plus de cinq ans que j’ai pris la décision de me laisser tenter par une offre unique d’aller travailler (et surtout, d’aller vivre) à Vancouver, à l’autre bout de mon monde, et donc d’y déménager mes habitudes en laissant derrière moi des repères de vie plutôt enviables.
Flashback!
…Je me rappelle encore très bien de ce matin là de janvier 2016. Le matin de mon grand «départ»…
Ce matin là, dans le garage de mon condo montréalais, en marchant vers l’auto, accompagné de Geneviève qui venait m’y reconduire pour me dire un au revoir à durée indéterminée plutôt déchirant, vers 5h et demi du matin, j’ai craqué pour une première vraie fois.
Ce matin là, ma folle décision d’écouter cet appel unique à l’aventure devenait, en un instant, plus réelle que jamais. Avec ses conséquences: celles qui, bien sûr, se dressaient devant moi avec tout le sex appeal que représente partir vivre une forme de nouvelle vie; mais aussi celles qui donnent soudainement un coup de poing solide au ventre en faisant réaliser un peu en retard qu’on quitte d’un coup sec un confort pourtant construit de longue date.
Ce matin là, je laissais drette là, derrière moi, tout ce que n’importe quel être humain décent peut rêver en multicolore d’avoir comme outils efficaces à son bonheur.
Des outils que je savais bien maladroitement utiliser, à l’époque.
Ce matin là, donc, j’ai de nouveau (et de façon plutôt concentrée) réalisé à quel point mon Amour était le véritable pilier de mon courage, la force qui m’a permis de faire le grand sot, et de devenir plus ouvert, moins insécure, définitivement plus en forme… et j’en passe.
Ce matin là, je me suis inconsciemment forcé à réaliser au travers cet élan impossible qui me poussait à tout laisser derrière qu’elle était décidément celle qui m’a permis (et qui me permet toujours) de faire de moi un bien meilleur humain.
En cet instant unique où je quittais mon nid douillet avec droit devant près de six jours et cinq mille kilomètres sur la route tout seul avec moi même, accompagné d’une forte dose d’inconnu, j’ai de nouveau réalisé à quel point je l’aime, Geneviève.
Parce que oui, ça se conjugue toujours avec autant de vigueur au présent.
L’Amour, le vrai, c’est fort en crisse. Ça t’encourage. Ça te soutient même dans tes folies les plus… folles, quitte à t’ennuyer seul, le soir, sur des routes enneigées, à t’éloigner de tout ce que tu aimes à chaque kilomètre parcouru et à surveiller les pancartes annonçant la rencontre potentielle d’orignaux qui ne se pointent finalement jamais le bout du nez.
L’Amour, le vrai, c’est tout simplement… bon.
Ce matin là… j’ai choisi de prendre ce chemin indéfini sur lequel je me retrouve de plus en plus, simplement parce qu’il marque constamment avec des highlights significatifs la vie aléatoire que j’ai choisi de vivre…
Ma petite vie, quoi.
Ce matin là de janvier 2016 (je me répète ici la date parce que le temps me dépasse, alors j’essaie de le matérialiser un p’tit peu en le saisissant ici), je ne faisais que me donner ce grand coup de pied au cul résolument nécessaire pour me permettre d’avancer avec beaucoup plus de perspectives sur le monde en allant passer par Vancouver, par la Guadeloupe, par la Sunshine Coast, par Tokyo, Tofino, Portland, Toronto…
Et, plus que surtout, en allant y rencontrer des humains tout aussi inspirants les uns que les autres.
Et ensuite?
Aujourd’hui, cinq and plus tard, je sais que c’est décidément au coeur de cette exploration tellement nourrissante et déstabilisante sur tous les points de vue et que j’aimerais perpétuelle, remplie de beaux hasards et toujours ancrée sur mes repères (mon amour, ma famille, mes amis), que je me retrouve décidément heureux (oui, je l’sais… je l’ai déjà écrit plus tôt.)
À suivre…
Quelques photos des premiers jours de mon aventure… :
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